"On n’y arrivera jamais..."

Louis réfléchit.
Stéphane fait des massages (aux proches,en tout cas) et des recherches sur des poissons carnivores d’aquarium.
Alain mange une gaufre.
Alex parle de montagnes en Suisse avec Bulu.
Rémi est à la recherche de toilettes (aucune explication sur le fait que 3 d’entre elles ont été bouchées depuis le début des 24h.Les pizzas?).
Sacha est un peu en panne et cherche un second souffle.
Arto tient bien le coup malgré son jeune âge.
Olive a le regard dans le vide,le grand vide.
Noémie crayonne,tant et plus.Ses crayons sont littéralement épuisés,la gomme n’est plus qu’un moignon.
Thierry porte un magnifique t-shirt de Xiu Xiu.
David me signale qu’il lui reste 5 pages et fait beaucoup d’envieux autour de lui.
La table d’Étienne ne suffit plus à contenir les pages et collages qui s’accumulent.C’est désormais le sol béton qui sert de support pour l’avancée de l’histoire.
Depuis le début des 24h,Max dessine debout,sur un des larges appuies de fenêtre qui longent la baie vitrée.
Carl (Johanson) avance péniblement jusqu’à la table des scanneurs pour y déposer une planche.
Il paraîtrait que beaucoup d’auteurs ont choisi la vieille dame (au centre de la photo) comme élément clé de leur récit.
La nuit est bel et bien tombée dehors (comme partout ailleurs en fait).C’est sans doute le moment le plus difficile,la promesse du lever de soleil est encore bien lointaine.Il faut tenir,garder les yeux ouverts et l’esprit en alerte pour continuer à avancer,dessiner,imaginer...Un éternuement s’assimile à un début d’émeute,un crayon tombé sur le sol réveille deux auteurs somnolents,c’est le monde du silence,de la fatigue mais aussi de la lutte,du dépassement de soi.C’est le monde du café,des boissons caféinées,des grosses gaufres au sucre,le monde de la pizza froide,des cigarettes,des pauses sous une fine bruine,des jambes qui gigotent encore un peu sous la table,des bêtes blagues qui font rire plus facilement qu’il y a quelques heures,le monde des étirements et des frottages d’yeux,le monde du doute et des traits moins précis.
Rémi se tourne vers tout le monde et dit "vous pouvez arrêter,de toutes façons on n’y arrivera pas".Grand éclat de rire dans la salle,puis chacun retourne au travail.
Il reste moins de douze heures à tout le monde...